Éditorial

Féminin pluriel

En cette année 2024, le festival « Voix et Route Romane » s’empare de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, démontrant ainsi qu’on peut s’immerger dans la thématique médiévale tout en réfléchissant aux enjeux sociétaux actuels.

Cette 32e édition met donc les femmes à l’honneur : celles du Moyen Âge qui, à l’instar de Hildegard von Bingen, sont de véritables pionnières du monde moderne ; mais aussi celles d’aujourd’hui, qui assument pleinement la direction d’ensembles musicaux de premier plan. Il en va ainsi de Katarina Livljanić, qui, à la tête du célèbre Ensemble Dialogos, évoque Hécube, reine de Troie, dans un spectacle total, mis en scène et en lumière.

« Voix et Route Romane » s’inscrit également dans la modernité en programmant pour la première fois une création contemporaine, dressant ainsi de nouveaux ponts entre l’époque médiévale et le 21e siècle. Le festival invite tous les publics, et pas seulement les mélomanes médiévistes, à s’immerger dans les activités multiples et variées qu’il propose, des rencontres avec les artistes aux visites guidées, en passant par les dégustations gastronomiques et les ateliers artistiques.

La Région Grand Est se réjouit de soutenir ce festival emblématique du territoire alsacien, qui rayonne très largement en réunissant culture et tourisme, spectacle vivant et patrimoine, passé et présent !

Franck Leroy, Président de la Région Grand Est

Ménestr’Elles

L’écriture inclusive ne s’impose pas dans le paysage culturel français. Pour ma part, cela ne m’attriste guère. Pourquoi compliquer une langue qui l’est déjà suffisamment mais qui, par ailleurs, est merveilleuse de charme, de grâce et de poésie.

En revanche, je me réjouis des nouveaux équilibres qui se mettent de plus en plus en place entre femmes et hommes dans nombre de domaines. Pour notre part, en tant qu’unique festival de musique médiévale en France, nous pouvons nous féliciter d’accueillir, saison après saison, des ensembles féminins, mixtes et plutôt rarement, exclusivement masculins.

Et cette année, la majorité des ensembles sera dirigée par des femmes. Elles ne manient pas la « baguette » comme c’est courant en musique classique mais leurs mains sont merveilleusement expressives et leurs gestes, voire toute leur expression corporelle, parlent juste, avec finesse ou enthousiasme, précision et générosité. Certaines de ces « cheffes » ou « ménestr‘elles », pour rester volontairement dans un champ culturel et lexical médiéval, dansent même la musique ce qui me rappelle avec bonheur mes années d’apprentissage du chant grégorien.

Le programme de ce festival 2024 est, comme toujours, riche et varié, tant au plan thématique que dans les différentes périodes qui vont du haut Moyen Âge jusqu’à la Renaissance. Il est aussi varié au plan géographique puisque nous retrouverons des lieux quasi incontournables comme Rosheim ou Ottmarsheim mais aussi des lieux moins connus comme Surbourg ou Feldbach.

Bon festival à tous et, en particulier, à nos « ménestr’elles » contemporaines aux merveilleux talents !

François Geissler, Vice-Président d’Arts & Lumières en Alsace