Doulce Mémoire

Ce sont les musicologues qui ont donné en 1960 ce nom d’Ars Subtilior – art plus subtil – au répertoire apparaissant à la fin du 14e siècle. Une musique à la fois d’avant-garde par ses expérimentations sonores inouïes, mais aussi crépusculaire car sans évolution ultérieure. De leur côté, les ragas sont des cadres mélodiques de la musique hindoustanie qui comportent de nombreuses règles : à chaque raga correspond un sentiment, un moment de la journée et même une saison. Certains modes occidentaux anciens correspondent à des ragas indiens, créant ainsi des ponts entre ces répertoires. D’autres similitudes se retrouvent dans le  climat de l’alap, ce prélude poétique, non mesuré, avec lequel commence tout raga, et ce sentiment de flou rythmique permanent dans l’Ars Subtilior d’Anthonello de Caserta et Matteo da Perugia, compositeurs italiens qui écrivaient sur des textes français à la cour très francophile des Visconti à Pavie.